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13/07/2013

Le libéralisme tue le politique : "d'un côté, des décisions sans visage, de l'autre, des visages impuissants", explique Christian Salmon

libéralisme

...dans Le Monde (culture & idées) du 13/07 :

 


Entretien avec Christian Salmon, auteur de La cérémonie cannibale de la performance politique (Fayard) et Storytelling (Poche/Essais) :

« Le néolibéralisme a consisté à mettre au pouvoir des responsables dont la mission paradoxale était de détricoter la souveraineté, de désarmer l'Etat, de le vider de sa substance. Le résultat est sous nos yeux : la souveraineté fuit de partout, vers le bas avec la décentralisation et vers le haut avec les institutions européennes, les multinationales et les marchés financiers. C'est donc devenu compliqué pour les hommes d'Etat d'exercer le pouvoir et d'incarner une quelconque légitimité. La symbolique du pouvoir a changé de nature : de l'incarnation de la fonction présidentielle à l'exhibition de la personne des présidents... La mondialisation et la construction européenne ont disloqué l'attelage de la souveraineté et de son dispositif de représentation. D'un côté, un pouvoir d'agir anonyme (Bruxelles, Wall Street, les multinationales), de l'autre une symbolique de l'Etat qui tourne à vide, réduite à la performance ; d'un côté, des décisions sans visage, de l'autre, des visages impuissants. »

C'est ce que nous disons depuis la naissance de ce blog : la clé de tout est le modèle économique ultralibéral imposé. La gauche et la droite sont deux troupes de mauvais acteurs, surjouant une "politique" disparue, avec un texte ridicule consistant à ânonner, à droite "dictature socialiste !", et à gauche  "droite réactionnaire !". Comme si le problème était le "socialisme" ou la "réaction" alors que ces deux mots n'ont plus de sens, Mammon s'étant emparé de la gauche, de la droite et du centre  - extrêmes compris.

 

 

20:42 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : libéralisme

Commentaires

PAS DE VRAIE DECENTRALISATION

> Faut-il vraiment parler de décentralisation ? Il n'y en a jamais eu en France. Nous n'avons que les mauvais effets d'une déconcentration sans avoir les bénéfices d'une vraie subsidiarité.
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Écrit par : JG / | 14/07/2013

QUESTION DE MOTS

> Le libéralisme ne tue pas le politique; il le reconfigure autrement, voilà tout. Avec la mondialisation néo-libérale nous entrons dans l'ère des réseaux de pouvoirs, déterritorialisés, qui rendent caducs toutes les prétentions à déterminer un « lieu » quelconque du politique. Les institutions traditionnelles de la représentation politique continuent bien sûr à fonctionner, mais elles ne jouent plus qu’un simple rôle de courroie de transmission dans un système plus vaste et qu’elles ne sauraient contrôler.
Il s’agit d’un type de souveraineté en rupture nette avec les républiques démocratiques. Les citoyens ne disparaissent pas, bien sûr, mais ils deviennent une variable parmi d’autres dans ce dispositif d’ensemble.
Christian Salmon trouve les mots justes pour exprimer le processus de dilution – mais pas d’annihilation – de la souveraineté et du politique dans lequel nous sommes engagés : « la souveraineté fuit de partout, vers le bas avec la décentralisation et vers le haut avec les institutions européennes, les multinationales et les marchés financiers. »

B.


[ PP à B. - Si vous appelez "reconfiguration" le fait de vider le politique, c'est en effet juste une question de mots... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 14/07/2013

CONTRE LES PEUPLES

> Dictature socialiste est réducteur certes mais l'étatisme socialiste autoritaire à fait alliance avec le système libéral contre les peuples. C'est une variante du modèle chinois en plus social (car cela assure des rentes à ceux qui organisent la re distribution) et moins patriotique (car ce mot est ringard dans nos élites qui ont une seule peur: être taxées de pétainisme).
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Écrit par : ludovic / | 14/07/2013

B,

> Selon vous, nous sommes entrés dans l'ère des réseaux de pouvoir déterritorialisés. L'expression est nouvelle pour moi. Je crois pouvoir l'associer au pouvoir des places financières. La vraie capitale du monde en devient Wall Street. Ses acteurs sont les maîtres du monde. Une autre idée serait le pouvoir des marchés gris totalement dérégulés. Ce sont toujours des financiers.
Vous admettez que "Les institutions traditionnelles de la représentation politique … ne jouent plus qu'un simple rôle de courroie de transmission dans un système plus vaste et qu'elles ne sauraient contrôler."
C'est de la très belle novlangue. Vous présentez de façon anodine, comme un évènement naturel et allant de soi, la disparition des démocraties représentatives. Elles ne sont plus que les "courroies de transmission" du pouvoir déterritorialisé de la finance. Elles veillent à ce que la ponction de la société par les financiers puisse se faire sans heurts. Une des méthodes pour faire accepter ça est dans le mariage homosexuel que beaucoup de pays acceptent en même temps. Les Femen sont aussi très distrayantes. Le combat contre les discriminations est sans fin dans une société libérale. Une liberté qui laisse les plus faibles en victimes assure beaucoup de ces combats. Chaque victoire fabriquera d'autres victimes qui devront lutter contre leur discrimination. Le peuple sera donc distrait. Les financiers pourront le ponctionner tranquillement. La démocratie deviendra un mot si creux qu'il sera abandonné avec enthousiasme. Le dernier film des Wachowski parle de la "Corpocratie". Vous êtes pour.
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Écrit par : DidierF / | 15/07/2013

AUGUSTE COMTE

> Finalement, c'est la réalisation des idées d'Auguste Comte, - du moins telles qu'analysées et résumées par le P. de Lubac dans son "Drame de l'humanisme athée", je n'ai jamais eu le courage de lire Comte directement - donner le pouvoir aux banquiers parce qu'ils sont habiles (hum?), ne s'occuper que de l'utile, sens réel de "positivisme" et fragmenter les pays trop grands (cf Eurorégions).
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/07/2013

Les commentaires sont fermés.